Yoenaï 11

          Quand il se leva le lendemain, il conclut que le résultat n’était pas beau à voir. Il n’avait pas assez dormi et les cernes lui mangeaient la moitié du visage. Tant pis.

          Une douche froide parvint à le rendre à peu près présentable.

          Il avala un café et une brioche sans prendre le temps de s’asseoir. Il fallait qu’il voie Yoenaï…

Sur le trajet, il lutta contre une insidieuse inquietude. Si elle n’était plus là ? Si… Il voulait la voir, l’entendre rire de ses délires…

          Il gara la voiture exactement au même endroit que la veille. Il y avait encore les traces de pneus. Mais il eut du mal à retrouver le sentier. Hier, il lui avait semblé que c’était un vrai chemin. Et aujourd’hui, il devait le deviner…

          Il se perdit dans les broussailles, sentit les ronces à travers son jean, et échoua dix fois sur la plage. Pourquoi ne retrouvait-il pas la cabane ? L’angoisse montait en lui. Est-ce qu’il était vraiment fou ?

          Finalement, il devina les rochers qui délimitaient la petite cour de Yoenaï au loin. Il se précipita, et s’arrêta net.

          Les rochers étaient là, mais pas la cabane. Rien, aucune trace ! Rien qui n’indique que quelqu’un avait habité ici un jour.

          Il regarda autour de lui, perdu. Il était seul. Se pouvait-il qu’il se soit trompé d’endroit ? Qu’il y ait plusieurs rochers disposés comme ça ? Il chercha encore, refusant coûte que coûte de se rendre à l’évidence. Ce n’était pas possible…

          Enfin, hagard, il se laissa tomber sur le sable, à l’endroit même où deux jours plus tôt, il s’était assis, il en était certain. Il regarda le rocher où s’était tenue Yoenaï. Il la revoyait, belle et triste…

          Soudain, il vit quelque chose sur le rocher. Un fil de jean, et un cheveu d’or. Le doute n’était plus permis…

          Il abandonna les restes de sa raison qui luttaient encore, et laissa la vérité faire son chemin en lui.

          Elle était une sirène qui l’avait aimé, et lui avait sauvé la vie. Elle en mourrait.

          Il se sentit étrangement calme soudain. Il savait ce qu’il lui restait à faire. A genoux dans le sable, il s’approcha du rocher et y grava le prénom de Yoenaï.

          Ensuite il se releva, jeta un dernier coup d’œil à l’étendue de sable déserte, revoyant en rêve la cabane et la jeune femme sur le seuil, et promit :

          « Je ne t’oublierai pas Yoenaï… »

          Puis, il tourna les talons et s’enfonça dans les broussailles.

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